L’Histoire de Citroën DS

DS avec le capot moteur ouvert

L’Histoire de Citroën DS

Les CitroënTraction Avant fêtent leur 20 ème année d’existence en 1955, et ces voitures sont désormais bien dépassées par la concurrence nationale et internationale. La firme du quai de Javel se doit de réagir, et son bureau d’études dirigé par André Lefevre prépare depuis plusieurs années la remplaçante dans le plus grand secret. Certains journalistes tentent de lever un coin du voile, mais sont impitoyablement pourchassés par la marque aux chevrons. Le projet VGD (voiture à grande diffusion) est particulièrement novateur et se doit d’être mené à terme avec toute la sérénité necessaire.

La voiture est présentée pour la première fois au Salon de Paris en octobre 1955. Le monde entier est interloqué par cette Citroën DS 19 de conception révolutionnaire et qui ne ressemble à rien de connu. Probablement jamais dans l’histoire de l’automobile, la naissance d’une voiture n’a concentré autant d’innovations techniques, ni focalisé une telle curiosité passionnée de la part du public et des médias.

L’Histoire de Citroën DS
Une Citroën DS

La DS a été dessinée par le styliste Flaminio Bertoni, du bureau d’études de l’usine. On y sent l’imagination débridée des ingénieurs concevant librement cette automobile, libérés de toute contrainte imposée par le marketing. La carrosserie de style aérodynamique est aujourd’hui dépassée, mais en 1955 elle semblait tout droit venue de l’an 2000. L’intérieur est un véritable palace, les moquettes sont posées sur une épaisseur de mousse, et on s’enfonce dans le moelleux des sièges. L’agencement intérieur ne cesse d’interpeller le néophyte: volant monobranche, minuscule champignon de freins, frêle commande hydraulique de boîte de vitesses, etc …

L’Histoire de Citroën DS
DS avec le capot moteur ouvert

Le plus déconcertant reste l’essai dynamique d’une DS. La suspension hydropneumatique à correcteur d’assiette offre un confort et une efficacité sans équivalent. L’assistance de direction est d’une grande douceur, mais neutralise toutes les sensations que la route peut transmettre au conducteur. Les freins à disques assistés sont d’une puissance redoutable par rapport à l’effort appliqué sur le champignon. La voiture peut atteindre des allures élevées, mais les occupants n’éprouvent pas la sensation de vitesse. Mais l’habitude aidant, il est parfaitement possible de maîtriser les aspects originaux de cette automobile. C’est ainsi que naît une race bien particulière d’automobilistes: les Citroënistes.

Tout n’est pourtant pas parfait sur la Citroën DS. Les gros point noir reste le moteur poussif et bruyant, directement adapté de la 11. L’autre problème est la grande complexité et un certain manque de mise au point de l’ensemble, qui se traduit par une fiabilité insuffisante et des pannes mal maitrisées, même par le réseau des concessionnaires. Ces dysfonctionnements sont à ce point sérieux que l’équilibre financier du constructeur en est ébranlé.

Heureusement les améliorations successives au fil des ans finissent par conférer à cette voiture un niveau de mise au point satisfaisant.
Ces désagréments n’empêchent pas l’engouement pour la DS. Véritable voiture de luxe, haut de gamme de la production française après la disparition des Simca V8, elle rallie les suffrages des industriels et des hommes politiques, au point que rouler en DS devient un signe de réussite sociale.

La DS ne recevra malheureusement jamais le moteur 6 cylindres à plat qui a été conçu pour elle. Elle doit se contenter des évolutions successives du moteur hérité de la 11. Des augmentations de cylindrée transforment la DS 19 en DS 21, puis DS 23 qui atteignent un meilleur niveau de performances. Elle subit également quelques évolutions esthétiques, la plus importante en 1967 lorsqu’elle adopte un avant à 4 phares intégrés, dont deux pivotent avec la direction.

Proposée dans un premier temps exclusivement en berline 4 portes, elle s’adjoint en 1960 un cabriolet, dont la fabrication est confiée au carrossier Chapron. Au contraire de sa soeur l’ID, elle n’est jamais sortie en break. La production de la DS prend fin en 1975, peu après la présentation de son successeur la CX et la prise de contrôle de Citroën par Peugeot.